30 August 2023

Fort de Guentrange

Érigé au commencement du XXe siècle, ce fort fut édifié dans le cadre d'un ambitieux projet de fortifications baptisé Moselstellung, qui englobait une série de places fortifiées s'étendant de Thionville à Metz, le long de la vallée de la Moselle. L'intention de l'Allemagne était de se prémunir contre une éventuelle offensive française visant à récupérer l'Alsace-Lorraine, comprenant les régions de l'Alsace et de la Moselle, alors sous domination de l'Empire allemand. À partir de 1899, le plan Schlieffen élaboré par l'état-major allemand élabora les détails des fortifications de la Moselstellung, érigées entre Metz et Thionville, dans le but de faire office de verrou afin d'entraver toute progression éventuelle des troupes françaises en cas de conflit. Cette idée novatrice de ligne fortifiée le long de la Moselle représentait une avancée notable par rapport au système Séré de Rivières développé par les Français, et elle servit ultérieurement de source d'inspiration aux ingénieurs derrière la ligne Maginot.
 
 Après l'incorporation de la Moselle à leur territoire entre 1899 et 1906, les Allemands supervisèrent la construction de cette forteresse. Désigné sous le nom de Feste Ober-Gentringen, le fort était maintenu par une garnison de près de 2 000 soldats (soit l'équivalent de trois à quatre compagnies d'infanterie). Similaire au fort de Plappeville perché sur les hauteurs de Metz, le fort Ober-Gentringen était doté de deux batteries cuirassées, équipées chacune de quatre canons courts de calibre 100 mm. Il arbore une caserne centrale s'étendant sur quatre niveaux et abrite près de trois kilomètres de galeries souterraines, dont certaines n'étaient pas opérationnelles. Son apparence extérieure, sobre et dépouillée, illustre bien le style caractéristique des forts de cette époque.

La feste de Guentrange, conjointement avec les forts d'Illange et de Kœnigsmacker, était responsable de la défense de Thionville contre toute éventuelle attaque venant de la France. Positionné en retrait de la ligne de front principale, ce fort ne fut pas soumis à des assauts français durant la Grande Guerre.

Le 9 novembre 1944 a été marqué par une imposante flottille de 1 299 bombardiers lourds B-17 et B-24, qui ont déchargé pas moins de 3 753 tonnes de bombes, pesant entre 1 000 et 2 000 livres, sur les ouvrages fortifiés ainsi que sur les points stratégiques disséminés dans la zone de combat relevant de la IIIe armée. En raison de conditions de visibilité peu favorables, la plupart de ces bombardiers ont largué leurs charges depuis une altitude dépassant les 20 000 pieds (environ 6000 mètres), ce qui a souvent conduit à des manquements dans la visée des cibles militaires. À Metz, les 689 largages de bombes, initialement prévus pour cibler sept forts identifiés comme étant de haute priorité, ont principalement engendré des dommages collatéraux. Tant à Thionville qu'à Sarrebruck, les résultats ont également été peu concluants, ce qui a une fois de plus renforcé la notion que les bombardements massifs sur des cibles militaires étaient souvent inefficaces.

Par la suite, l'armée française a réinvesti le fort de Guentrange en tant que lieu de stockage de munitions, notamment par le biais du 25e Régiment d'Artillerie, une utilisation qui s'est poursuivie jusqu'en 1971. À l'heure actuelle, la propriété du fort est entre les mains de la municipalité de Thionville, et son entretien est pris en charge par l'Amicale du Groupe Fortifié de Guentrange, qui propose des visites guidées pour le grand public.

Fabrice Chandor

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