Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, gouverneur des Trois-Évêchés, était un fervent défenseur des idées des Lumières. Dans les années 1730, il entreprend de révolutionner l'urbanisme de Metz. Après avoir donné à la ville un nouveau théâtre sur l'île du Petit-Saulcy, il a pour dessein de rendre le quartier de la cathédrale plus aéré. Son projet inclut la création d'une « place royale » centrale, entourée de divers édifices publics. Cet ambitieux plan urbain est confié à l'architecte Jacques-François Blondel.
L'ensemble comprend trois places distinctes ainsi que plusieurs bâtiments publics majeurs, tels que l'hôtel de ville, le Parlement, le corps de garde, et l'ancien palais épiscopal, qui abrite aujourd'hui le marché couvert. Ce projet témoigne de la vision novatrice de Belle-Isle, marqué par les idéaux des Lumières, visant à transformer l'espace urbain pour le rendre plus fonctionnel et esthétique.
L'idée de construire un nouveau palais pour l'évêque de Metz prend forme dès 1762, mais en raison de retards dans le financement de l'autorité épiscopale, le début des travaux est reporté jusqu'en 1785. Cependant, la Révolution française intervient rapidement, interrompant les travaux qui n'avaient alors permis que la construction d'un seul niveau d'un édifice destiné à s'élever sur trois étages. Saisi par l'État, le bâtiment inachevé est envisagé comme un nouveau palais de justice, mais le projet n'aboutit pas. La ville décide alors de racheter le bâtiment pour y installer le marché central, couvert et finalement achevé dans les années 1820 sous la direction de Pierre-Sylvestre Jaunez. Les aménagements sont complétés en 1831.
Le marché couvert a remplacé de manière avantageuse les marchés journaliers qui se tenaient sur les places d'Armes et de Chambre. Depuis sa création, le marché a maintenu sa vocation commerciale. Bien que l'on puisse y trouver aujourd'hui une variété de plats et de spécialités du monde entier, une part importante de l'offre demeure consacrée à la cuisine typiquement lorraine et messine. C'est ainsi que le marché couvert continue de jouer un rôle central dans la vie commerciale et culinaire de la ville.
Fabrice Chandor
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