Au nord-est de la Ville-Haute, le centre historique de Luxembourg, se dresse le promontoire appelé le Rocher du Bock ou simplement le Bock. Grâce à ses falaises rocheuses dominant l'Alzette qui l'entoure sur trois côtés, ce site offre une fortification naturelle à la ville. C'est sur le Bock que Sigefroid de Luxembourg établit son château en 963, jetant ainsi les bases de la future capitale grand-ducale.
Au fil des siècles, les fortifications ont connu des vicissitudes, renforcées, détruites, puis reconstruites au gré des attaques des Burgondes, des Habsbourg, des Espagnols, des Prussiens et des Français. Ces puissances se disputaient la forteresse de Luxembourg, l'une des plus stratégiques d'Europe. Les affrontements se sont poursuivis jusqu'en 1867, année où le traité de Londres a été signé, appelant à la démolition des fortifications.
Aujourd'hui, les vestiges du vieux château et les casemates, ces galeries souterraines des fortifications, subsistent sur le Rocher du Bock. Ils forment un site touristique emblématique de la ville, intégré au secteur classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
En quête d'un lieu propice pour défendre ses possessions, le comte Sigefroid de Luxembourg, en 963, obtint le Bock et ses environs de l'abbaye Saint-Maximin à Trèves. Cet échange s'effectua contre les terres qu'il possédait à Feulen dans les Ardennes septentrionales. Bien que les Romains et les Francs aient probablement occupé le Bock, peu de traces archéologiques de leur présence subsistent. Toutefois, une tour de guet romaine du IVe siècle est attestée près du point où deux voies romaines majeures se croisaient, l'une de Reims à Trèves et l'autre de Metz à Liège.
La première mention historique du Bock remonte à une tour de guet ou de fortification sur la route romaine de Reims à Trèves. En 723, Charles Martel, duc des Francs, la céda à l'abbaye Saint-Maximin à Trèves. Deux cents ans plus tard, Sigefroid, comte possédant des biens dans divers pagi, cherchait un emplacement stratégique pour un château central. Ayant échoué à obtenir un site près de l'abbaye de Stavelot, il se tourna vers l'abbé de Saint-Maximin pour acquérir la propriété au sommet de la falaise de Bock au-dessus de l'Alzette. Cette propriété était décrite comme un « château du nom de Lucilinburhuc ». Sigefroid acquit le terrain en échange de certaines de ses propriétés à Feulen, suite au consentement de l'empereur Otto Ier, acte signé le 7 avril 963 par Viker, abbé de Saint-Maximin.
Le château fort initial de Sigefroid sur le Bock fut grandement étendu et renforcé au fil des siècles, devenant la résidence des comtes de Luxembourg sous Conrad Ier. Des chapelles, telles que celle érigée au Marché-aux-Poissons en 987, et des défenses supplémentaires furent ajoutées. Les assauts des Burgondes (1473), des Habsbourg (1477) et des Espagnols (1555) occasionnèrent des dommages, des destructions, des captures et des reconstructions successives de la forteresse.
Évoluant avec les nouvelles méthodes de guerre, les fortifications subirent des adaptations au fil du temps, répondant à une puissance de feu croissante. Sous la domination espagnole dans les années 1640, l'ingénieur suisse Isaac von Treybach apporta d'importantes modifications aux défenses. Trois forts, le Grand Bock, le Moyen Bock et le Petit Bock, furent ajoutés, séparés par des entailles dans la roche et reliés par des ponts. Ces ajouts transformèrent considérablement le paysage, reléguant le château médiéval à l'oubli.
En 1684, au nom de Louis XIV, Vauban s'empara de la ville de Luxembourg après un siège d'un mois. Les fortifications du Bock furent entièrement rasées. Vauban, ingénieur de fortification émérite, entreprit ensuite des améliorations cruciales. Le Grand Bock, lié à la vieille ville par le pont du Château, fut renforcé avec un mur de douze mètres de hauteur, devenant ainsi le pivot de la nouvelle forteresse.
Le Bock englobait également un réseau de casemates créées à partir des caves du château médiéval. Sous la domination autrichienne en 1744, le général Neipperg agrandit considérablement ces passages souterrains. Le passage principal, long de 110 mètres et large jusqu'à 7 mètres, comportait 25 emplacements de canons, offrant une puissance de feu considérable. Les casemates, d'une superficie de 1 100 mètres carrés, pouvaient servir de casernes pour plusieurs centaines de soldats en temps de guerre, avec un approvisionnement en eau assuré par un puits de 47 mètres de profondeur.
Les fortifications jouèrent un rôle crucial lors du siège de sept mois en 1794, durant les Guerres de la Révolution française. Même après la reddition de la garnison, les fortifications demeurèrent inviolées. L'homme politique et ingénieur français Lazare Carnot qualifia la forteresse de « meilleur au monde, à l'exception de Gibraltar », lui attribuant le surnom de Gibraltar du Nord.
Les termes du traité de Londres de 1867 dictèrent finalement la démolition des fortifications, un processus qui s'étala sur 16 ans et coûta la somme considérable de 1,5 million de francs-or.
Fabrice Chandor
Photo : DR
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